Christophe Andrusin explore la frontière entre matière et image. Typographie, gravure, subligraphie et peinture s’y croisent. Il compose des œuvres où le signe devient langage plastique, où la couleur claque comme une voix. L’impact visuel est immédiat, la lecture toujours ouverte, laissant place à l’émotion, à l’imaginaire, et à une interprétation libre et sensorielle.
Depuis mes premières expérimentations à l’école des Beaux-Arts, puis à la Norwich University of the Arts, je m’interroge sur le pouvoir évocateur du signe, de la lettre et de la forme. Mon travail explore le lien intime entre image et musique, à travers ce que je nomme des “images-signes” : des compositions visuelles polysémiques qui traduisent une vibration, un rythme, une onde sonore.
Je conçois l’image comme une partition silencieuse. À chaque œuvre, je cherche à créer un impact visuel immédiat et sensoriel, où le regard écoute. La lettre devient matière. Le symbole se fait son. La couleur claque comme une note, la texture vibre comme un accord. Mon approche est synesthésique, nourrie par ma passion pour la musique, mais aussi par l’histoire des arts graphiques, de la typographie au Pop Art.
Mon travail combine des techniques mixtes traditionnelles (gravure, typographie, sérigraphie) et contemporaines(subligraphie, impression pigmentaire), pour créer des images où le signe est traité comme un langage visuel à part entière. Cette hybridité me permet de brouiller les pistes de lecture, de provoquer une tension visuelle qui appelle à l’interprétation libre.
En 2023, un appel à création de Médecins du Monde m’a conduit à revenir à la peinture, avec la réalisation d’une toile monumentale (320 x 160 cm) présentée au festival des Gros Maux à Paris. Cette expérience a marqué un tournant dans ma pratique : elle a réactivé un besoin de peindre, de m’exprimer par la couleur et le geste.
Depuis, j’ai engagé une nouvelle série sur le portrait féminin, composée de formes géométriques simples évoquant des visages abstraits. Cette série s’inscrit dans une démarche influencée par le Bauhaus, où la rigueur formelle, la stylisation des figures et l’économie des moyens dialoguent avec la subjectivité de la représentation. Il ne s’agit pas de portraits figuratifs, mais d’évocations sensibles, de présences minimales et graphiques, à la fois symboliques et ouvertes à l’interprétation.
Dyslexique, j’ai appris très tôt à penser avec les yeux. L’image est pour moi une langue maternelle, un espace de liberté. Mon art est une tentative de transformer les signes en sons, de donner une voix aux silences, et de construire un alphabet émotionnel à travers la matière.
